Et si nous envisagions la décroissance ?

qu'est-ce que la décroissance ?

Lundi 29 juillet, c’était la date du dépassement mondial. En avance de 3 jours par rapport à l’année dernière. Nous passerons le reste de l’année à vivre à crédit sur les ressources de la Planète. Une occasion de nous interroger sur notre style de vie et le fonctionnement de nos sociétés qui reposent sur une croissance infinie. Les experts des énergies et du climat s’accordent à dire que le modèle touche à sa fin. Peut-on encore faire quelque chose pour inverser la tendance ? Et si nous envisagions la décroissance ?

Dommage, nous n’avons pas encore colonisé la Lune

En 2018 nous avons consommé 1,7 planètes Terre. Chaque année, Global Footprint Network calcule la date du dépassement mondial. C’est à dire la comparaison de la consommation annuelle en ressources écologiques de l’humanité avec la capacité de régénération de la Planète (la biocapacité).

A partir de la date du dépassement, nous consommons à l’échelle de la planète plus qu’elle ne peut produire. C’est une aberration. On pense que ça ira mieux demain, qu’on saura trouver une solution …  Tout ceci repose sur la croyance illusoire d’une croissance infinie.

On peut d’ailleurs calculer combien de Planètes il nous faudrait en termes de ressources, si chacun vivait comme nous. Faites le test, calculez votre empreinte écologique (en anglais).

 

Pourtant le déficit écologique est connu depuis le début des années 70

Paradoxalement c’est à ce moment-là que nous aurions pu faire quelque chose avant que la machine ne s’emballe. En 1979 (année de ma naissance), le jour du dépassement se situait en fin d’année : le 29 octobre 1979. 40 ans plus tard, il arrive 4 mois plus tôt …

 

Nous vivons à crédit, mais jusqu’à quand ?

Aujourd’hui les dérèglements s’accélèrent. Quand nous utilisons plus que ce que la terre peut nous offrir, nous tirons sur la corde … et nous réduisons encore plus ses capacités de production. Nous avons abîmé nos forêts, nos ressources aquatiques, appauvri nos sols et avec eux notre alimentation.

La biodiversité réduit à vitesse grand V : en 40 ans, 60% des espèces d’animaux sauvages ont disparu (source : rapport Planète Vivante, WWF. 2018). Les espèces qui survivent et augmentent sont celles que nous avons domestiquées. Et le carbone s’accumule au-dessus de notre tête.

D’une certaine manière, sans modifier nos styles de vie, c’est à dire en ayant une économie qui ne tourne qu’en prélevant des ressources non renouvelables, plus la croissance est forte, et plus nous allons vite vers « la fin ». (Jean-Marc Jancovici. Combien de temps pouvons-nous prolonger notre développement actuel ?)

Et je ne pense pas qu’on puisse miser sur la technique et sur l’amélioration de nos capacités de production pour restaurer les équilibres que nous avons maltraités.

Plus il y a d’électronique, plus c’est com­pliqué : on retrouve des dizaines de métaux dans les appareils, en quantités trop faibles pour les récupérer. Plus on est high-tech, moins on fab­rique de pro­duits recy­clables et plus on utilise des ressources rares dont on va inex­orable­ment man­quer. (Philippe Bihouix, ingénieur, spécialiste de l’épuisement des ressources minérales et ambassadeur des low-techs)

Vous pensez que le jour du dépassement ne vous concerne pas ?

Le déficit écologique, c’est déjà concret. Nous en ressentons déjà les effets : pas plus tard que la semaine dernière avec le second épisode de canicule de l’été. A vous qui lisez ce blog, je ne pense pas qu’il soit utile d’en dire beaucoup plus.

 

Il faudrait faire quoi alors pour changer de trajectoire ?

Pour cela je vous renvoie à l’excellent (et positif) film de Cyril Dion et Mélanie Laurent « Demain » (2015). Ils ont mené l’enquête dans 10 pays et recensé les meilleurs projets et actions que nous pouvons mettre en place pour agir sur le déficit écologique.

 

Pour changer de trajectoire et modifier ramener le déficit écologique à un niveau soutenable, voici quelques leviers d’action :

  • Changer les villes et nos modes de déplacements : réduire les transports et notamment automobiles
  • Modifier notre rapport à l’énergie : c’est-à-dire chauffer moins, y aller mollo sur la clim. Pour ceux qui le peuvent, vous pouvez aussi installer chez vous des énergies renouvelables (photovoltaïque, chauffe-eau solaire, éoliennes, géothermie,  et demain hydrogène ?  …). Dans une optique d’autonomie et de respect de la planète.
  • Moins faire appel aux énergies fossiles : réduire notre consommation de plastique par exemple, les produits high-techs qui font appel à de nombreux consommables, les équipements fabriqués à l’autre bout du monde.
  • Consommer mieux : arrêter le gaspillage alimentaire et réduire nos déchets, réutiliser. Il s’agit aussi de consommer moins de calories, de ne manger de la viande qu’une fois par semaine et de choisir des fruits et des légumes bio ou du moins sans intrants.
  • Acheter local : dire non à l’agriculture industrielle et préférer les circuits courts, locaux et de saison. C’est aussi un geste engagé pour soutenir une économie locale et des acteurs qui font leur part pour changer les choses.
  • Promouvoir une démarche low-tech : des produits conçus sur des technologies durables, et réparables. C’est à dire choisir des produits simples et le moins dépendant des énergies non renouvelables. Le vélo, les jouets en bois sont des exemples.

 

Alors bien sûr, nous devons tous nous y mettre. Et ce n’est pas en mettant la tête dans le sable ou en rejetant la responsabilité sur les plus grands que nous pourrons repousser le jour du dépassement.

Yann Arthus Bertrand dit qu’il est trop tard pour être pessimiste. Je pense qu’il faut au contraire être pessimiste pour déclencher l’électrochoc dont chacun a besoin.

 

Décroissance ou toujours plus ?

 

Vous en avez sans doute entendu parler. Les mouvements des décroissants et des collapsologues font du bruit. Notamment au travers de chercheurs et d’auteurs comme Pablo Servigne (auteur de  » Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes «  Pablo Servigne et Raphael Stevens. 2015).

C’est une bonne chose d’en parler. Toutefois je suis convaincue que la peur mène à l’immobilisme ou à la colère et au populisme. Deux émotions dont nous n’avons pas besoin.

J’ai plutôt envie de vous partager ma vision de la décroissance, et pourquoi cela a un lien avec mon travail et avec ce blog.

empreinte écologique : envisager la décroissance

Qu’est-ce que la décroissance ?

Le moteur de notre économie et de nos sociétés, c’est la croissance infinie. Pourtant nous évoluons dans un monde fini. Nous avons une terre, donc un espace de vie fini. Et donc la capacité de cette terre à nous nourrir, nous héberger et nous protéger sont elles aussi finies. Alors oui, on peut construire des immeubles toujours plus haut, gagner du terrain sur la mer, faire progresser la productivité. Mais cela a un coût : l’appauvrissement des sols, le dérèglement climatique, l’amaigrissement des ressources de la mer, la pollution des eaux …

Pour comprendre les enjeux auxquels nous faisons face, il ne faut pas se limiter à observer l’impact climatique et environnemental de nos activités. La question des énergies et des ressources de minerais sont fondamentales :  En poursuivant notre mode de vie actuel, nous aurons épuisé nos ressources d’énergie fossiles dans 40 ans (source : Jean-Marc Jancovici) et les réserves de certains minerais (cuivre, nickel, plomb) dans 30 à 60 ans (source : Institut Momentum)

Nous pouvons probablement, si nous nous en donnons les moyens financiers et techniques explorer et aller plus profond ou exploiter des gisements non conventionnels comme les gisements sous-marins. Mais ceci se fera avec un coût énergétique, économique et environnemental plus important. Sera-t-il supportable économiquement et socialement ? nul ne sait mais l’augmentation des impacts environnementaux ne pourra continuer rendant l’exploitation de certains gisements aléatoire. (ADEME. Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie – Juin 2017)

 

Nous sommes à un tournant de l’histoire

Ma vision des choses c’est qu’il faut un équilibre entre ce que l’on consomme et l’impact de cette consommation sur la planète. Et nous sommes à un tournant de l’histoire puisque l’homme a acquis la capacité de changer profondément et structurellement son environnement. En ce sens, nous pouvons et même nous devons agir.

 

La décroissance, c’est un changement de moteur

La fin du capitalisme certainement, en tout cas un nouveau moteur pour nos économies qui ne reposera plus sur l’augmentation des richesses.

La décroissance est un concept opposé à l’idée générale que la croissance du PIB et l’augmentation des richesses produites sont nécessaires pour améliorer la qualité de vie des habitants. Ses partisans affirment que ce sont les pays les plus avancés qui doivent diminuer la quantité de richesses qu’ils produisent puisque ce sont eux qui consomment la plus grande quantité de ressources naturelles. (Source : economie-magazine.com)

 

Mais pas un retour en arrière

Vous vous imaginez peut-être le retour des chevaux de traie, de la carriole, du lavoir collectif… Cela peut avoir du charme, je le concède. Pourtant j’ai du mal à croire qu’une société puisse revenir en arrière. Je me plais à penser que nous saurons imaginer un autre mode de fonctionnement, fort de toutes nos connaissances, nos avancées matérielles et scientifiques.

On peut citer à titre d’exemple les low-techs (innover avec des technologies sobres et résilientes), l’apparition des recycleries, des fab labs où on peut apprendre à fabriquer soi-même des objets, le regain d’intérêt pour la permaculture…

Avez-vous remarqué quelles sont les forces sous-jacentes à ces initiatives ? Le partage des connaissances, l’entraide et la résilience (notre capacité à nous reconstruire).

 

Vive la décroissance partageuse !

Je me plais à croire que dans ce contexte, ce ne sera pas le règne de chacun contre tous mais la reconnaissance de la solidarité et de l’entraide. Nous aurons à développer de nouvelles compétences et réussirons si nous savons les mettre en commun.

C’est Pablo Servigne qui en parle le mieux, en prenant pour exemple la capacité des végétaux à s’entraider pour survivre et les associations entre espèces pour se reproduire. (Pablo Servigne : La loi du plus fort est un mythe. Alternatives Economiques. Décembre 2017).

Certains préparent des sacs d’évacuation ou s’entraînent à la survie. Ce serait mentir de dire que j’y suis insensible. Peut-être vous partagerais-je quelques photos pour vous montrer où j’en suis.

Pour ma part, l’essentiel est de continuer ma route. Je choisis de me laisser guider par l’envie profonde de me reconnecter à la nature. Ainsi je développe de nouvelles compétences, je fais des choix de consommation éclairés et je gagne en autonomie avec des ingrédients simples et naturels. Je vous explique tout ce que j’ai changé dans cet article: vivre autrement – consommer moins et mieux.

J’ai aussi beaucoup réfléchi à l’organisation du temps, et à changer notre rapport au travail. Pour en savoir plus, lisez l’article Slowpreneur.

Sur ce blog, je vois au travers de vos questions et de vos messages que cette problématique vous préoccupe ou du moins vous interroge.

 

Ainsi en cette semaine du dépassement, je lance le débat :

Et vous, que faites-vous pour repousser la date du dépassement ? Où en êtes-vous de vos réflexions sur l’avenir de notre Planète ?

J’ai hâte de vous lire.

 

Ressources et lectures pour aller plus loin :

#movethedate #urgenceclimat

 

Photos : Pexels & Pixabay
6 réponses
  1. virginie
    virginie dit :

    J’adore le film demain!
    merci pour cet article je partage entièrement ta vision et je l’assume mieux depuis quelques années car être minimaliste n’est pas toujours bien compris par l’entourage…Mon moteur, mes enfants et ma fille aînée est déjà un exemple pour moi ;)

    Répondre
    • Caroline
      Caroline dit :

      Hello Virginie,
      En effet le chemin vers l’acceptation est long. Cela dépend comme tu le dis de ce qui nous motive et des personnes qui nous entourent. Pour ma part il m’a fallu du temps pour accepter que je m’étais trompée et pour prendre les choses en mains. Mais aujourd’hui j’en suis très heureuse.
      À bientôt !

      Répondre
  2. Anne-Christine de Cheminsdenaissance.com
    Anne-Christine de Cheminsdenaissance.com dit :

    Merci Caroline pour cet article. Depuis de nombreuses années, nous essayons de réfléchir à notre consommation et notre mode de vie et changeons des choses petits à petits. Mais parfois cela demande tellement d’énergie, de temps de recherche, que des blogs comme le tien peuvent beaucoup nous aider et nous redonner du peps !

    Répondre
    • Caroline
      Caroline dit :

      Merci Anne-Christine pour ton message encourageant ???? Pour moi aussi cela a pris du temps et c’est difficile souvent. La route est encore longue…
      À bientôt!

      Répondre
    • Caroline
      Caroline dit :

      Hello Anne-Sophie,
      Merci. Cela prend du temps d’intégrer tout cela et de changer sa façon de voir les choses. Le plus important est de commencer à s’interroger, ensuite je crois que chacun fait comme il peut ????
      À bientôt

      Répondre

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