Non, je ne vous parlerai pas de ma poubelle ! (Fail zéro déchet)

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Comment réduire ses poubelles dans une optique zéro déchet

Le zéro déchet c’est une démarche formidable … sauf quand on la vit comme une obligation. L’image lisse et parfaite que l’on voit sur internet et les réseaux sociaux m’agace. Oui, la photo d’un bocal de pâtes en vrac est plus vendeuse sur un joli fond pastel avec une plante grasse et un bout de tissu japonais. Mais la vraie vie, 15 cm plus loin sur le plan de travail, c’est le bordel. Les enfants ont laissé les restes du goûter, la vaisselle n’est pas rangée et il y a tout un bazar d’accessoires et de pots en tous genres. La famille parfaite zéro déchet met la pression. Adopter un mode de vie zéro déchet c’est loin d’être facile. Cela peut même ressembler au parcours du combattant. Et si on ne se fie qu’aux images que l’on trouve sur les réseaux sociaux, c’est vite culpabilisant. Pourquoi ils y arrivent et nous pas ? Alors, non, je ne vous parlerai pas du contenu de ma poubelle. Je vais plutôt vous proposer 5 blogs décroissants et inspirants sur lesquels aller chercher une vision décomplexée du zéro déchet. Vous trouverez aussi des chiffres pour relativiser le zéro déchet et des idées pour pousser le bouchon un peu plus loin si vous en avez envie.

Plus que les actions zéro déchet, c’est le changement de perspective qui fait la différence

Le complexe du colibri

Réduire ses déchets, ce n’est pas un long fleuve tranquille. Entre les suremballages du supermarché, l’addition plutôt salée de l’épicerie bio et le grand moment de solitude chez le boucher du coin lorsqu’on veut emporter ses courses dans un pot. Il y a de quoi se décourager en route.

Et puis on peut se demander ce que sont tous ces petits gestes individuels face à l’immensité du changement que nous devons mettre en place pour revenir au niveau de la biocapacité de la planète. Tant que l’on consomme en une année plus que ce que la planète peut produire de ressources, c’est la fuite en avant. Alors, que sommes-nous avec nos bocaux à vrac et nos emballages enduits de cire ?

Et bien c’est loin d’être inutile si on y réfléchit.

L’alimentation³ c’est 16 % de l’emprunte carbone des français. Les achats d’équipements et d’habillements³ représentent 7%.  Donc chercher à consommer mieux et moins cela fait une différence ! Mais ce n’est pas forcément par-là qu’il faudrait commencer.

Comment réduire son empreinte carbone?

Chauffer moins et rouler en vélo pour faire les choses dans l’ordre

Le logement c’est la principale source des émissions de CO2 des ménages : 27% en 2017. Et encore 27% pour le transport.

En toute logique si on cherche à réduire significativement l’emprunte qu’on laisse sur la planète ce n’est pas par les courses qu’il faut commencer. Cela devrait rassurer tous ceux qui peinent à passer au zéro déchet.

Voici quelques gestes faciles à mettre en place, qui sont très clairement expliqués par Jean-Marc Jancovici :

  • Baisser la température de chauffage de 1°C, c’est en moyenne 10% d’économie d’énergie
  • Limiter le recours à la climatisation dans la voiture
  • Prendre moins sa voiture : 15 000 km annuels c’est 1 tonne équivalent carbone pour une petite voiture
Prendre son vélo pour réduire son impact carbone

Prendre son vélo pour réduire son impact carbone

Et ma poubelle dans tout cela ?

Dans la démarche zéro déchet le moteur principal semble à première vue de désemplir cette fameuse poubelle (surtout la jaune) qu’on ne cesse de vider.

Il y a deux problèmes comme nous avons deux poubelles :

la poubelle noire : nos déchets organiques, pour faire simple ce qui peut se décomposer. C’est presque un tiers (32,2%) ¹ de ce que nous jetons chaque année.

la poubelle jaune : le plastique, le carton, le plastique, les métaux … tous nos recyclables. Et là, nous sommes déjà à 35,7% sans compter le verre (12,7%)

Et le reste ? Les textiles (10.6%) et divers matériaux (8.9%).

Recylcler les emballages en plastique

Maintenant que vous avez une idée des volumes, il y a poubelle et poubelle. Un produit manufacturé, fabriqué à partir d’acier neuf et importé en avion est beaucoup plus polluant qu’un emballage cartonné. Il faut prendre en compte les ressources extraites pour la fabrication, l’énergie nécessaire à la transformation de la matière, le transport et l’emballage. C’est tout une chaîne.

 

Renoncer à l’idéal de la famille parfaite zéro déchet

Je sais bien que nous ne partons pas tous égaux face au zéro déchet. Il faut du temps, une grosse dose d’organisation et des moyens aussi.

Si vous avez des enfants, un mari qui ne joue pas le jeu, ou que vous habitez loin des premiers commerces bio le zéro déchet peut être difficile à appliquer. Il y a aussi la contrainte budgétaire : le vrac n’est pas forcément moins cher et les produits qualitatifs ont un prix. Pourtant en achetant moins et mieux, on s’y retrouve financièrement et c’est tellement mieux pour notre santé.

Et puisque nous sommes à parler de paradoxes et de contradictions : il y a une grande différence dans les produits qui arrivent chez nous lorsque c’est moi qui fais les courses et lorsque c’est mon chéri :)

En plein confinement alors que je préparais avec application mon levain et le pain … sont arrivées dans la cuisine des baguettes industrielles précuites sous cellophane !! J’étais quand même contente qu’il ait pensé à ma farine bio. On ne peut pas gagner sur tous les plans :)

baguette de pain industriel

Mais POURQUOI ???!!!!

Consommer moins mais mieux

C’est le plus intéressant à mon sens dans la démarche zéro déchet : à force de se casser la tête pour acheter en vrac et faire ses courses en ressortant avec le moins d’emballage possible, on se met à penser autrement.  Acheter différemment nous fait reconsidérer largement nos habitudes de consommation. Et on en vient à apprécier de consommer moins mais mieux. En plus avec de jolis accessoires comme les sacs à vrac cousus main (@la Malle d’Ulysse), les courses sont tout de suite moins pénibles, non ?

Sacs à vrac en coton ecocert, fait main, la malle d'Ulysse

Sacs à vrac en coton Ecocert, fait main, à commander chez la malle d’Ulysse.

Quand je regarde en arrière il y a beaucoup d‘objets du quotidien que je n’achète plus. Simplement parce qu’ils ont perdu leur utilité. Et comme on pèse ses carottes au marché, chaque achat finit par passer au scan de son impact écologique, et finalement de son utilité.

Pourtant il y a encore beaucoup de choses qui continuent de s’empiler dans ma poubelle : l’essuie tout, les emballages de yaourts des enfants et de leurs goûters (…), les biscuits apéro pour n’en citer que quelques-uns. Et même si je fabrique presque tous les cosmétiques de la famille, les produits ménagers et que nous avons recours aux plantes pour les petits bobos … ma poubelle continue de se remplir. Tant pis !

 

5 blogs à suivre pour glaner des idées et décomplexer le zéro déchet

Le zéro déchet sans pression

Arrêtons de nous comparer et de prendre les autres pour modèle. Sur le blog la révolution des tortues, Anaëlle met au clair ce que les blogs zéro déchets apportent : des idées, une source d’inspiration mais sans pression. Voir son article : le zéro déchet sans pression ni culpabilité.

Je vous conseille aussi d’aller faire un tour dans la rubrique Faire ses courses. Une mine d’infos, testées, évaluées et approuvées. Et notamment des conseils pour manger bio à prix raisonnable.

 

100 actions faciles pour une vie plus slow

Le challenge zéro-déchet de My slow life c’est 100 bonnes idées à tester pour changer petit à petit ses habitudes.

Lisez-aussi son  bilan du zéro-déchet dans la salle de bains au bout de 4 ans. Vous verrez qu’avez quelques produits simples (pierre d’alun, savon, lingettes lavables …) et en plus qui durent longtemps on peut remplacer beaucoup de produits dans la salle de bains.

 

Le parcours d’une écolo

L’essuie-tout j’ai encore du mal à m’en passer. Pourtant à lire Lucy il n’y a rien de très compliqué pour se passer de l’essuie tout jetable. Un peu d’organisation et quelques lessives supplémentaires à prévoir. Sur le blog Je deviens écolo vous trouverez aussi des idées sur la mode éthique et l’upcycling.

L’impact des textiles et surtout du coton est très important sur l’environnement : le secteur textile représente10 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial et 20% des rejets d’eau polluée industrielle², d’après les Nations Unies. Réutiliser, recycler prend tout son sens !

 

Mamie Colette : sa boutique et ses recettes

En général je suis plutôt méfiante quand j’arrive sur les boutiques en ligne zéro déchet, dans lesquels on trouve souvent les mêmes produits dont l’origine n’est pas forcément locale pour ne pas en dire plus. Chez Mamie Colette, c’est chouette ! Des tawashis faits mains avec des fibres recyclées, chinés par l’équipe, ça j’aime ! Et de jolis sacs à vrac. Une petite boutique simple et efficace, qui fait travailler un ESAT (un établissement médico-social pour l’insertion sociale et professionnelle des adultes handicapés). En plus le blog propose des recettes zéro déchet pas compliquées (ménage, cosmétiques et cuisine).

 

Féminisme, écologie et alimentation végan

Sur Gala’s blog, vous trouverez un point de vue différent et résolument féminin. Du no bra (la fin du sous-tiff’), en passant par le no make-up, il y a de quoi réfléchir et pourquoi pas s’assumer autrement ?

Faites-aussi un tour du côté des recettes végan pour trouver de nouvelles idées pour changer vos repas.

Du côté de nos assiettes, on sait que la consommation de viande et en particulier de bœuf à un énorme impact sur les émissions de CO2. Produire 1 kilo de porc engendre autant de CO2 que cultiver 80 kilos de pommes de terre. (Mesures en équivalent carbone. Source : WWF). Adopter une alimentation végétale plus souvent est un levier efficace pour réduire notre impact écologique. En plus de limiter les ressources utilisées pour leur production, les fruits, les légumes et les légumineuses sont faciles à trouver localement : c’est à dire avec peu de transport et zéro emballage.

L'alimentation végétale : plus écologique et riche en nutriments

L’alimentation végétale : plus écologique et riche en nutriments

 

Au final, je ne suis pas fâchée avec le zéro déchet, mais avec l’idéal qui lui est souvent associé. C’est une démarche qui bouleverse profondément nos habitudes de vie et qui nous pousse à réfléchir autrement. Alors faisons le premier pas, puisque c’est toujours le plus difficile. Puis choisissons notre propre chemin, sans pression ni obligations. Et vive les jolies photos Instagram ????

 

Et vous, où en êtes-vous du zéro déchet ?  Est-ce que c’est compliqué pour vous ?

 

 

Ressources :

¹ADEME. Composition nationale des ordures ménagères

²Actu-environnement : G7 : le secteur de la mode se fixe une première série d’engagements volontaires

³ Commissariat général du développement durable. 2017

Jean-Marc Jancovici : Effectuer sa BA pour agir contre le réchauffement climatique et Combien de gaz à effet de serre dans notre poubelle ?

Boutique zéro-déchet : Sacs à vrac et accessoires zéro déchet : La Malle d’Ulysse. Commandes sur la page Facebook

 

Photos :

 Del Barrett – Unsplash, Lisa Fotios –  Pexels, la Malle d’Ulysse

 

8 réponses
  1. Kitty
    Kitty dit :

    Bonjour Caroline !
    Ouiiii, le zéro déchet, tout un programme ! On n’y arrive pas du jour au lendemain, en tout cas. Pour moi, bientôt un an, et encore des challenges à gagner : prendre sa boîte pour aller acheter sa viande, remplacer les yaourts du commerce par les yaourts maison, acheter le lait cru directement auprès du producteur (ou au magasin bio) – ce qui demande un peu (pas mal) d’organisation. Quand je vois tous les emballages plastiques qui atterrissent encore dans ma poubelle, je réalise le boulot à faire !!! Mais 1) ne pas se désespérer – 2) avancer 1 pas après l’autre – 3) ne pas revenir en arrière !!!
    Mesurer les avancées : cosmétiques 0 déchets, salle de bain 0 déchets, cuisine pas encore à 100% mais ça vient / lessive oui… Jardin pas encore (et comme tu dis, on est 2)… !!! Vêtements : là, plus compliqué pour les magasins de 2nde main si on n’a pas une taille standard …
    Merci beaucoup pour ton blog qui m’inspire beaucoup !

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    • Caroline
      Caroline dit :

      C’est super tout ce que tu as réussi à faire ! Et merci pour ton partage.
      Il y a des hauts et des bas, tu as raison il ne faut pas se décourager :)

      Répondre
  2. Caroline MARTIN
    Caroline MARTIN dit :

    Il est très difficile en effet d’arriver au « 0 déchet ». Depuis des années, avant ce nouveau courant, je fais un maximum attention, mais nous avons tous nos contradictions… je couds des disques lavables pour ma crème maison, je fais au crochet des éponges lavables, je ne me maquille plus, savon et produits d’entretien maison, je fais mon potager sans aucun produit, je fabrique mes tawashis avec les enfants…. Plus de papier cadeaux mais des sacs papiers. Sur l’alimentaire je fais aussi très attention. Mais beaucoup de famille avec peu de revenus n’ont ni le temps, ni l’argent pour consommer bio. Il faut continuer chacun à sa façon sans culpabilité. Pour les vêtements, il y a les associations caritatives qui récupèrent. Et tellement plein d’autres choses.

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    • Caroline
      Caroline dit :

      Bravo, c’est impressionnant tout ce que vous avez réussi à transformer! Chacun fait comme il peut, je suis tout à fait d’accord.
      D’ailleurs souvent du non bio mais local et en culture raisonnée vaut mieux que du bio qui coûte bien plus cher. Les agriculteurs dépensent une fortune pour le label bio. Et quand on voit ce que les super cultures étrangères avec le label déversent dans les supermarchés, cela invite à revenir à des pratiques plus simples. Avec ou sans étiquettes. Un grand merci pour votre témoignage !

      Répondre
  3. Dominique
    Dominique dit :

    Ne pas « se prendre la tête »….je fais ce qui me fait plaisir,sans obligation,et si ce qui me fait plaisir ..fait du bien a la planéte…c est encore mieux..sinon..la vie est déjá tellement pleine  » d obligation » ;-) merçi Caroline

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  4. Jean-Baptiste Chaudron
    Jean-Baptiste Chaudron dit :

    Bonjour,

    Pour réduire son empreinte, il faut commencer par les ordres de grandeur les plus impactant. De mon côté, j’ai réduit les voyages en avion et je prends désormais un vélo cargo en partage pour emmener les enfants à l’école. La voiture n’est plus utilisée qu’exceptionnellement.
    Pour le zéro déchet, c’est marrant, j’en parlais à midi avec des amis. Effarés des tonnes d’emballage industriels. Au final, ce sont les consommateurs qui changeront les approches des industriels donc chacun peut porter le message.
    Pour tous les gestes, il faut faire une transition progressive et continuer à changer. Chaque action compte, chaque gramme de C02 compte !

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    • C
      C dit :

      Merci Jean-Baptiste pour ton retour d’expérience.
      C’est vrai, chaque geste compte.
      Je suis convaincue que c’est à nous de forcer les industriels à changer. Nous avons plus de pouvoir qu’on ne l’imagine.

      Répondre

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