Perturbateurs endocriniens : 10 repères pour les éviter
On les accuse de tous les maux : puberté précoce, cancer du sein, hyperactivité …. Mais en l’absence de règlementation, les perturbateurs endocriniens se cachent encore dans de nombreux objets du quotidien.
UFC Que Choisir a publié en mai 2017 la liste de plus de 1000 cosmétiques indésirables. Et parmi-eux 200 cosmétiques contiennent des perturbateurs endocriniens !
Je vous explique pourquoi les perturbateurs endocriniens sont dangereux et 10 conseils simples pour limiter votre exposition.
Sommaire :
- Influence des perturbateurs endocriniens sur la santé
- Les perturbateurs endocriniens les plus courants : comment les repérer
- 10 réflexes à adopter pour les éviter
Influence sur la santé des perturbateurs endocriniens
Les perturbateurs endocriniens sont suspectés de développer certaines pathologies
Pour comprendre leurs effets, partons de la définition donnée par l’OMS :
La santé dépend du bon fonctionnement du système endocrinien, qui régule la sécrétion d’hormones essentielles, par exemple au métabolisme, à la croissance, au développement, au sommeil et à l’humeur. (…)
Un perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange de substances, qui altère les fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de (sous)-populations. (Définition de l’Organisation Mondiale de la Santé)
Quel effet sur le système endocrinien ?
Pour faire simple : le système endocrinien c’est l’ensemble des organes qui fabriquent des hormones : les ovaires, les testicules, la thyroïde etc.
Il agit sur certaines fonctions comme la croissance, le développement sexuel ou cérébral et la reproduction.
Un perturbateur endocrinien est une molécule chimique qui se fixe sur les organes à la place des hormones parce qu’ils ont certaines propriétés chimiques semblables. Il dérègle le fonctionnement habituel de l’organisme en modifiant le comportement du récepteur hormonal ou en empêchant l’action des hormones.
Les perturbateurs endocriniens ont ainsi un effet indirect sur certaines fonctions comme la reproduction, la formation des organes reproducteurs et peuvent favoriser l’apparition de certaines tumeurs. (Source : INSERM)
Les pathologies du système hormonal augmentent
Ainsi on constate une augmentation de certaines pathologies liées au système hormonal comme la puberté précoce, le cancer du sein chez la femme jeune, les malformations génétiques ou les troubles neuro-comportementaux (déficit d’attention, hyperactivité).
Pourtant le lien avec les perturbateurs n’est aujourd’hui pas démontré, car il est difficile d’isoler leur action face à d’autres facteurs tels que la génétique, le mode de vie ou l’exposition à d’autres polluants… Ou encore l’exposition des générations précédentes, puisque l’effet de certains perturbateurs endocriniens peut se transmettre d’une génération à l’autre.
Le plus dangereux : l’effet cocktail des perturbateurs endocriniens
Les chercheurs travaillent à démonter les conséquences de l’exposition répétée et des combinaisons de perturbateurs endocriniens, c’est le fameux « effet cocktail« : deux perturbateurs endocriniens très faiblement actifs ont un effet ensemble qui est supérieur à la somme des deux effets isolés.
Comment repérer les perturbateurs endocriniens dans notre quotidien ?
Les sources d’exposition aux perturbateurs endocriniens sont principalement dans notre environnement c’est à dire l’eau, l’air et notre alimentation, ainsi que certains produits industriels : cosmétiques et plastiques.
Où se cachent les perturbateurs endocriniens ?
Voici ce qu’il faut regarder de plus près :
- les contenants alimentaires, surtout les boites en plastique qui sont anciennes (ceux contenant du BPA ou Bisphénol A sont maintenant interdits)
- certains pesticides présents sur les fruits, les céréales et les légumes
- les produits ou emballages alimentaires
- les cosmétiques : crèmes, shampoing, dentifrices, vernis à ongles …
- certains plastiques (PVC, vinyle)
- certains jouets ou matériels pour enfants (attention aux jouets en plastique anciens)
- les insecticides utilisés au jardin
- les meubles rembourrés ou les équipements informatiques (les retardeurs de flamme)
Difficile de les éviter, entre ce que l’on mange, notre environnement et ce que l’on se met sur la peau…
Santé publique France a réalisé en 2011 une étude sur les femmes enceintes et mesuré leur taux d’imprégnation aux perturbateurs endocriniens. On y lit que la présence de polluants est détectée chez la quasi-totalité des femmes de l’étude, même si c’est à des niveaux inférieurs aux précédentes études, cela reste inquiétant.
Surtout qu’il faut savoir que nous sommes plus vulnérables aux périodes de notre vie pendant lesquelles le système nerveux est en développement (ce sont les fenêtres d’exposition) : la vie fœtale, la petite enfance et la puberté.
Mais pas de panique … Quelques bons réflexes permettent de limiter notre exposition
Savoir où les perturbateurs endocriniens se cachent le plus souvent permet déjà de faire le tri dans nos placards.
Et en apprenant à décrypter les étiquettes, on peut consommer malin et préserver sa santé.
C’est l’heure du grand tri ! Voici ce que vous pouvez identifier dans vos cosmétiques et dans vos placards …
La liste des perturbateurs endocriniens les plus courants à rechercher
Dans les contenants alimentaires :
- Bisphénol A (BPA) : on peut le trouver dans les emballages alimentaires plastifiés, les tickets des caisses enregistreuses ou le revêtement des boites de conserves
Dans les cosmétiques :
- Les conservateurs : BHT (Butyl hydroxytoluène), BHA, Benzophenone, Phénoxyethanol et les parabènes : Butylparaben (et tout ce qui termine en xxx-paraben) : conservateur utilisé dans les gels douche, crèmes pour le corps, shampoings etc.
- Les filtres UV : Ethylhexyl methoxycinnamate, Benzophenone, Oxybenzone : on les trouve dans les crèmes solaires, crèmes de jour et fond de teint
- Les silicones : Dimethicone, Methicone, Cyclopentasiloxane, Cyclotetrasiloxane, Cyclomethicone : très présents en cosmétiques et utilisés comme agents de texture
Dans le dentifrice :
- le Triclosan : utilisé comme antimicrobien. Profitez-en pour jeter ceux qui contiennent des microbilles désastreuses pour les océans et jurez de ne plus jamais en acheter :)
Dans les parfums et les vernis à ongles :
- les Phtalates : ils ne sont pas toujours indiqués dans les étiquettes et se cachent derrière ‘parfum’ ou ‘fragrance’.
C’est mon drame, … j’avoue que je n’ai pas réussi à me séparer de ma collection de vernis.
Dans les détergents et les pesticides :
- les Alkylphénols : Nonylphenol, Nonoxylone
- le DDT
Vous trouverez sur ce blog et sur internet des recettes simples pour faire le ménage au naturel, sans détergents.
Dans les plastiques :
- les Phtalates (PVC, Vinyle) : recherchez Diethyl phtalate ou Phthalic acid et évitez les emballages marqués PET 1 et PVC 3.
Pour aller plus loin, et connaître toutes les substances à éviter dans les cosmétiques je vous invite à consulter le site de l’association slow cosmétique
10 réflexes simples à adopter pour limiter son exposition aux perturbateurs endocriniens
- Jetez les contenants en plastique anciens ou usagés
- Chauffez les aliments dans un récipient en verre ou en inox plutôt qu’en plastique
- Consommez plus de plats faits maison, à partir d’aliments simples et non transformés
- Préférez les fruits, les légumes et les céréales bio
- Privilégiez l‘eau en bouteille pour les enfants
- Lavez les vêtements neufs avant de les porter et évitez les vêtements antibactériens qui peuvent contenir du triclosan
- Bien aérer votre logement et évitez les parfums d’intérieur synthétiques. Vous pouvez utiliser des huiles essentielles en diffusion pour parfumer une pièce et profiter en même temps des vertus des huiles essentielles
- Aspirez régulièrement pour éliminer les résidus dans la poussière (surtout en présence de jeunes enfants)
- Renouez avec les méthodes naturelles pour l’entretien de la maison, de vos plantes et du jardin
- Pour vos cosmétiques, privilégiez les produits simples et les plus naturels possibles. Faites confiance aux labels, notamment slow cosmétique
Bonne nouvelle ; nous partageons ici nos recettes naturelles et nos astuces pour éviter tous ces composants polémiques.
La vie est belle !
Et vous, quelles sont les bonnes pratiques que vous avez adoptées ?
Pour en savoir plus :
Génération cobaye. De quels ingrédients faut-il se méfier en priorité ?
Slowcosmetique.org – Décrypter les ingrédients cosmétiques
UFC-Que Choisir. N°558. Mai 2017
OMS. Rapport historique sur les effets pour l’homme de l’exposition aux perturbateurs endocriniens chimiques 19/02/2013
INSERM. Les perturbateurs endocriniens
Cancer Environnement. Perturbateurs endocriniens et risques de cancer
Le Monde. Les perturbateurs endocriniens, qu’est-ce que c’est ? 01/03/2017
ainsi, de très nombreuses substances chimiques utilisées très couramment (dans les détergents, matières plastiques, cosmétiques, textiles, peintures, colles, conservateurs, pesticides, emballages …) ont des effets néfastes sur le système hormonal, en perturbant le bon fonctionnement des glandes endocrines. Il y a un risque environnemental diffus pour toute la population, mais les caractéristiques de l’exposition professionnelle (dose, fréquence et durée) induisent des risques largement majorés pour certains métiers en contact : https://www.officiel-prevention.com/dossier/protections-collectives-organisation-ergonomie/risque-chimique-2/la-prevention-des-risques-professionnels-des-perturbateurs-endocriniens
Bonjour Géraldine,
C’est exact. Certaines populations sont bien plus exposés et globalement le niveau de risque est mal connu.
Merci pour les infos complémentaires.