Le Gui : plante magique et porte bonheur
Un baiser sous le Gui, et bonne année ! Mais pourquoi donc ? Le Gui est une plante pas comme les autres. Elle s’embarrasse peu des contraintes de la vie végétale, pousse comme cela lui chante, vers le bas si cela lui plait, et ne met jamais le pied par terre. Le Gui : plante libre, intrigante, magique et puissante. C’est aussi une grande médicinale qui agit au cœur de nos cellules et peut même en être toxique. Prenez votre serpe, une bonne échelle, et par une nuit de nouvelle lune allons cueillir le Gui à la manière les druides. Ne le faites pas, vous avez plus de chances de vous casser une jambe ! Mais si vous la croiser à votre portée, lisez ce qui suit et vous saurez l’apprivoiser.
C’est moi le Gui : je fais ce qui me plait
Je me suis libéré des contraintes végétales
Jamais le pied au sol
En principe, une plante ça part d’une graine bien enfouie dans le sol. Avec de l’obscurité et de l’eau, elle pourra germer. Le Gui, lui, ne fait pas du tout comme cela ! Quand il germe il fuit la lumière et ne met jamais le pied par terre.
Le Gui arrive sur un arbre qui sera malgré lui son hôte. Il est porté par les déjections des oiseaux qui raffolent de ses baies. C’est une plante raffinée, qui ne se laisse pas transporter n’importe comment. Ses serviteurs ce sont surtout la Grive draine et la Fauvette à tête noire qui avalent les baies et n’en digèrent qu’une partie. Elles largueront dans leurs déjections non pas la graine pure, mais un filet gluant qui s’attachera d’autant plus facilement aux branches. Astucieux !
Et la tête en bas
Une fois arrivée, la graine va se développer sur l’arbre, en pleine lumière (et pas dans l’obscurité comme les autres graines). Mais quand elle a germé, le petit pied de Gui fuira le soleil et s’enfoncera rapidement vers les canaux qui transportent la sève brute de l’arbre. Elle y puisera directement à la source l’eau et les minéraux qui proviennent des racines. Ensuite, seulement il formera un petit plantule de deux feuilles.
Le Gui est très équipé pour produire sa propre énergie vitale avec la photosynthèse. Il reste vert toute l’année. Mais pour ne pas faire comme tout le monde, le Gui pousse toujours perpendiculaire à la branche à laquelle il s’est fixé : ce qui lui met le tête en bas ou parallèle au sol.
Incroyable plante, qui pousse sans terre et ne s’oriente pas vers la lumière …
Je choisis mon partenaire
Ainsi porté par les oiseaux, le Gui pousse d’arbre en arbre. Mais pas sur n’importe lesquels. Il affectionne particulièrement les feuillus : peupliers, aubépines, sorbiers, tilleuls et les fruitiers : comme le pommier avec lequel il forme une alliance magique et hautement symbolique.
On le trouvera aussi parfois sur des Pins et des Sapins. Une fois implanté, le Gui colonise rapidement d’autres arbres avoisinants. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Gui porté par un Chêne est extrêmement rare, car l’arbre sait se défendre contre la plante parasite.
Je croîs quand la Nature dort
Le Gui a son propre cycle qui est inversé par rapport au rythme des saisons. Il s’implante en été, et les fruits se développent en hiver de l’année suivante.
A chaque période de croissance, il ne développera que deux feuilles … plus la boule est épaisse et plus la plante est âgée.
Enfin, le Gui arrive à pleine maturité au solstice d’hiver, lorsque le reste de la Nature dort. C’est sans doute ce qui a fait de lui une plante magique, associée aux fêtes Celtiques de l’hiver et de l’été.
Magie de la fertilité et de la lumière
Pour les druides : l’union du soleil et de la lune
Les Druides qui savaient observer la nature, avaient remarqué les capacités étonnantes et exceptionnelles du Gui. Ils partaient le cueillir en hiver, lorsqu’il est à maturité avec ses baies blanches. Tout autour la Nature dort encore.
Ils recherchaient particulièrement le Gui porté sur un Chêne, qui est plus rare et plus puissant. Pour les Celtes, le chêne est associé au soleil, à la force de la Nature, à la foudre et au dieu Jupiter.
C’est l’arbre des portes entre les mondes, il fait le lien entre la terre et le ciel. Le Chêne représente l’autorité, la sagesse et la longévité.
Notre petite boule de Gui sur ce chêne majestueux est hautement symbolique : ses fruits blancs et purs, aériens, sont en contact avec le ciel et la lumière céleste. Ses petites boules blanches, évoquent la lune et la lumière qu’elle apporte dans les longues nuits d’hiver. Il était cueilli à la serpe d’or : croissant de lune, doré comme le soleil. Le Gui ne devait pas toucher le sol, et on prenait soin de la faire tomber sur un linge blanc, symbole de pureté.
Plante sacrée : porte bonheur
Au solstice d’hiver le monde bascule : l’obscurité est à son maximum et laissera bientôt place à la lumière, puis à l’éveil de la Nature. Cueillir le Gui sur un Chêne et le partager lors des cérémonies, apportait abondance et chance pour le cycle à venir.
C’est un rite de passage et de transition : le Gui est immortel et toujours vert, alors que l’arbre qui le porte a perdu ses feuilles. Ce qui faisait de lui la plante des transitions. Celle qui maintient la lumière quand tout est noir.
Plante magique : amour et protection
Et voilà pourquoi on s’embrasse sous le Gui : les amoureux se souhaitaient bonheur, chance et fertilité pour l’année à venir.
Dans son utilisation magique, les sortilèges d’amour et de protection font appel au Gui. Il permet aussi d’augmenter la fertilité (des hommes) et leur pouvoir sexuel. Et oui, le gui est une plante associée aux hommes ! (On peut associer symboliquement la semence et le contenu des baies blanches …).
Suspendre une branche de Gui protège son foyer : il éloigne les maladies, la foudre et des mauvais tours des esprits (fées).
Je ne sais pas si cela fonctionne avec la covid. Au pire vous pourrez toujours vous embrasser sous le Gui :)
Divination et lumière intérieure
Plante de lumière quand tout est sombre, le Gui nous inspire pour nous reconnecter à notre lumière intérieure. Il exprime la continuité de la vie après la mort et la survie de l’âme.
En nous concentrant sur notre lumière intérieure, on apprend à écouter notre intuition et nos rêves. Le Gui dans la chambre éloigne les cauchemars et apporte la sagesse transmise par les rêves, à qui sait l’écouter. Les Druides attendaient de voir dans leurs rêves le moment de cueillir le Gui (c’est aussi un bon moyen de ne pas trop prélever la plante !).
OK ! Tout un programme ce Gui. Et nous on en fait quoi ?
Le Gui : remède & poison
Maria Traben, dans son livre « La santé à la pharmacie du bon Dieu« , la présente comme une plante dont on ne peut plus se passer lorsqu’on la connaît. C’est dire comme elle peut être bénéfique, à qui sait l’employer correctement.
On cueille les feuilles mais pas les fruits !
Les feuilles et les petites tiges sont collectées du début du mois d’octobre à la mi-décembre. Puis 2ème chance pendant les mois de mars et d’avril lorsqu’il n’a plus de baies.
On enlève les baies qui sont toxiques. Et on fera sécher les feuilles et les tiges après les avoir coupées en petits morceaux.
Avec ces morceaux de plantes séchées, on pourra préparer une teinture, c’est un extrait de la plante sur une base d’alcool (voire ici comment faire) ou des infusions. Plus simple, vous trouverez des extraits de Gui en pharmacie et la plante séchée en herboristerie.
C’est la variété de Gui européenne qui est employée en phytothérapie, et pas la variété Nord-Américaine.
Comment préparer le Gui ?
La tisane se prépare à froid, en macération : une cuillère à café pour une tasse d’eau froide, qu’on laisse macérer toute la nuit. On filtre et on réchauffe légèrement pour boire l’infusion.
La teinture et l’alcoolature (de plante fraîche) est plus facile d’utilisation. Vous la trouverez en pharmacie.
Une autre préparation traditionnelle c’est le vin de Gui. ²
Le respect de la dose est important
N’employez pas la plante dans vos tisanes et préparations sans la surveillance d’un médecin. Un surdosage peut avoir de sévères conséquences, même avec les parties de la plante qui ne sont pas toxiques (c’est à dire les feuilles et la tige). Par ailleurs, il peut interagir avec des médicaments pour la tension ou l’arythmie cardiaque.
4 grandes utilisations traditionnelles du Gui
Régule la circulation sanguine
Le Gui est connu traditionnellement pour son action hypotensive : il aide à régulariser la tension artérielle. Il est aussi bénéfique pour les femmes au moment de la ménopause et les dérèglements des cycles menstruels (règles trop abondantes) ¹. La plante aussi hémostatique (comme l’Achillée millefeuille) : il stoppe les saignements en interne et en externe (coupures).
Diurétique et antirhumatismal
L’infusion de Gui stimule l’élimination des déchets par les reins (plus d’urines). Ce qui en fait un complément bénéfique pour soulager les rhumatismes et la goutte.
Une autre recette traditionnelle à base de Gui, c’est le baume (fait avec une teinture par exemple) qui calmerait la douleur des rhumatismes et des nerfs ².
Fortifie le métabolisme
Le Gui est connu pour son action immunostimulante ¹ : qui augmente la résistance du corps aux infections. Le gui est employé pour les troubles du métabolisme (diabète, cholestérol) et du système hormonal¹. Pas d’action rapide, Maria Traben recommande d’en boire sur de longues périodes (plusieurs semaines à plusieurs mois).
La plante agit aussi sur le système nerveux qu’il apaise. Il était employé dans les cas d’épilepsie.
Finalement, le Gui aide à normaliser les fonctions de l’organisme.
Ralenti le développement des tumeurs
En Suisse et en Allemagne, les extraits de Gui sont employés dans le traitement des cancers : des études ont montré que le Gui ralenti le développement des tumeurs et augmenterait l’espérance de vie et la qualité de vie des malades. C’est un extrait bien particulier qui est employé dans ce cas, et bien sûr sous surveillance médicale.
La Viscum-thérapie (du nom botanique du Gui : Viscum album) consiste en des extraits fermentés et centrifugés de la plante. Cette pratique s’appuie sur les travaux de Rudolph Steiner, autrichien du 19ème siècle, qui a élaboré une vision de la santé avec une lecture énergétique du corps.
Ainsi, le lien qu’entretien la plante avec son environnement influencerait la façon dont elle agit sur le corps. On entrevoit comment le Gui agit sur les tumeurs : il sait s’opposer aux sécrétions de l’arbre qui visent à le déloger en freinant la division cellulaire de l’arbre au niveau de l’implantation du suçoir de la plante.
En conclusion, car il faut bien s’arrêter …
Le Gui est une plante hautement symbolique. Par son mode de vie atypique et les images qu’il nous inspire, nous y avons trouvé de nombreuses utilisations au travers des siècles. Plante porte bonheur, promesse de fertilité et protectrice. Mais il est aussi une invitation à écouter et faire briller notre lumière intérieure. Plus tard, ses propriétés médicinales ont mis en avant son action régulatrice des fonctions du corps (sang, hormones, immunité). Comme l’arbre auquel il s’accroche sans lui nuire, en empêchant qu’il ne développe des tumeurs et ne dysfonctionne, le Gui harmonise et soutien notre corps, au plus profond de nos cellules.
J’en aurai bien cueilli, mais la réalité de mon 1m57 m’y a fait renoncé … pourtant j’ai essayé.
Maintenant c’est à vous : levez les yeux, et repérez les jolies boules de Gui autour de vous …
Intéressé par la magie des plantes ? Découvrez aussi le Genêt à balais.
Références :
¹ Maria Traben : La santé à la pharmacie du bon Dieu
² Marie-Antoinette Mulot : Secrets d’une herboriste
NHU Bretagne, Gui, la plante qui guérit tout
Symboles Païens et inscriptions runiques
Plantes et santé : le gui, un poison qui guérit
Promesse de fleurs : le gui, jolie plante parasite qui porte bonheur
Photos : Annie Spratt, Adrian Moran – Unsplash, H. Zell, – Wikimedia, mesrecettesnaturelles.com
Comme elle est jolie cette histoire sur le mode de vie du gui ( dont je ne connaissais en réalité pas grand chose ..) ……une histoire à mettre de coté et …..à raconter aux enfants et …aux adultes un soir de Noël ……………..
Merçi Caroline !
Merci Dominique ! Tu pourras expliquer son histoire à Noël prochain.
Ça y est, j’ai réussi à en cueillir grace à une (grande) amie ????
Très intéressant merci pour cet article.
Je vais lever les yeux autour de moi???? mais je sais déjà qu’il y en a pas sur le chêne de notre jardin ????
Bonjour! Article très intéressant ! Merci beaucoup ! Par contre le centre antipoison m’avait renseigné bien gentiment sur le gui, et les baies au contraire ne sont pas toxiques contrairement au reste de la plante. Vous pouvez vous renseigner en appelant le centre antipoison poison le plus proche de chez vous.
Amicalement!
Bonjour Lisette,
Merci pour cette précision. Les baies contiennent pas de toxines.
En cas d’ingestion en quantité elles peuvent donner des symptômes gastriques.
J’ajoute le lien vers la fiche du centre antipoison belge
A bientôt
Je me suis laissée dire que le vin de gui se préparait uniquement avec du gui de pommier. J attends vos réponses.le mien est en train de macerer
C’est souvent le gui de pommier que l’on utilise pour les préparations galéniques.
Est-ce parce qu’il est très fréquent ou plus facile à collecter, je ne sais pas vous dire.