Cueillette sauvage : le guide pour les plantes médicinales
La cueillette des plantes médicinales est un plaisir auquel je goûte de plus en plus souvent. Que ce soit dans mon jardin ou en forêt, j’apprécie d’aller à leur rencontre et d’apprendre à les reconnaître. Mais la cueillette sauvage est loin d’être sans risque : pour vous, si vous vous trompez, et pour la nature si vous ramassez mal ou trop. J’ai donc rassemblé un condensé des règles de base et des conseils pour débuter la cueillette et la conservation des plantes médicinales.
Les règles pour une cueillette sauvage sereine et respectueuse
Pas de cueillette sauvage si vous n’êtes pas sûr de vous
Il est facile de se tromper et les espèces se ressemblent, surtout à des stades végétatifs différents. Par exemple la grande gentiane (Gentiana lutea L.), qui est une plante tonique-amère dont la racine est récoltée pour faciliter la digestion et réduire la fièvre et le vératre (Veratrum album L.) qui lui, est toxique. La petite cigüe (Aethusia cynapium L.) qu’on appelle aussi le faux persil est un autre bon exemple. On peut la confondre avec la carotte sauvage (Daucus carotta), qui font toutes deux partie de la famille des Apiacées et dont les fleurs sont en ombelle (elles forment un petit parasol).
Pour être sûr de vous, faites des sorties avec des experts pour vous guider lors de vos premières cueillettes sauvages et commencez modestement : récoltez uniquement les plantes que vous connaissez bien et dont vous êtes 100% sûr. Pour vous aider équipez-vous d’une flore.
Voici la flore que j’utilise : Clé d’identification illustrée des plantes sauvages de nos régions (Suisse) : pas si simple à utiliser au début, il faut comprendre le système de classement. On peut colorier les plantes au fur et à mesure de leur identification.
Des sites pour identifier les plantes sauvages comme Tela botanica et Floranet (pour identifier les plantes médicinales et les toxiques) sont utiles pour préparer vos sorties.
Sur place, l’utilisation d’une flore est difficile, enfin je trouve. L’application PlantNet permet de s’aider même si cela reste approximatif. Mais si vous devez faire des devinettes, il vaut mieux laisser la plante tranquille.
Choisir avec soin le lieu de cueillette sauvage
Les plantes peuvent avoir été contaminées par la pollution, les pesticides ou par des parasites.
Donc par précaution évitez les bords de route, les sites à proximité des champs agricoles, les zones de pâturage et les bords des ruisseaux (où les animaux viennent boire).
Sachez aussi que la cueillette sauvage n’est pas autorisée mais seulement tolérée et dans certaines conditions. Les plantes appartiennent au propriétaire du terrain. Il vaut mieux éviter les parcelles privées à moins d’avoir l’autorisation de son propriétaire.
Sur les propriétés du domaine public, comme les forêts communales, la cueillette sauvage est tolérée sur les parcelles non fermées, sur lesquelles ne figurent aucune interdiction spécifique et pour des espèces qui ne sont pas protégées bien sûr. A condition de ramasser les plantes toujours dans des quantités raisonnables.
Consultez ce lien pour en savoir plus sur la Législation de la cueillette en France.
Se renseigner sur les espèces protégées
Certaines plantes sont rares et/ou sont protégées, comme la gentiane des marais (Gentiana pneumonanthe). La liste des plantes protégées varie selon les régions. Pour les connaître consultez l’inventaire national du patrimoine naturel. Vous pouvez faire une recherche par région.
En dehors de cette liste, si une plante est en très petit nombre sur un site de cueillette, abstenez-vous aussi de la cueillir.
Savoir se protéger des parasites et des maladies
Certains parasites peuvent se transmettre à l’homme. Quand aux bactéries qui touchent certaines espèces, les ustensiles utilisés pour la cueillette peuvent contribuer à étendre la bactérie à d’autres plantes.
Des bactéries qui peuvent être transmises par la cueillette
Le feu bactérien par exemple, est une maladie bactérienne très contagieuse qui atteint les arbres comme les poiriers, les pommiers, les sorbiers ou l’aubépine. Les feuilles flétrissent et noircissent comme si elles avaient été brûlées. Ne prélevez rien sur une plante que vous suspectez avoir été atteinte car vous pourriez transmettre les bactéries sur une autre plante saine avec votre couteau ou vos ciseaux. Désinfectez les ustensiles avant et après la cueillette.
Côté parasites
Le plus souvent c’est l’échinocoque (le ténia) du renard qui est redoutée : un parasite qui envahit le foie. La douve du foie est aussi présente dans le bétail infecté. Par précaution évitez les bords de cours d’eau et prélevez des végétaux en hauteur. Sachez que la cuisson permet d’éliminer les parasites.
Les allergies
Certaines personnes peuvent être allergiques aux plantes de la famille des Astéracées. Pour en savoir plus, consultez cet article : allergènes : les ingrédients à éviter dans les cosmétiques naturels.
Respecter la plante et son environnement
Pour cela c’est le bon sens : pratiquez une cueillette sauvage raisonnable. Limitez-vous à vos besoins. Ne prélevez pas la plante entière mais seulement la partie que vous utiliserez. Avoir un projet en tête avant de partir collecter des plantes est plus responsable. Vous risquez dans le cas contraire d’accumuler fleurs et feuilles séchées dont vous n’aurez pas l’utilisation et que vous finirez par jeter.
Pour préserver la biodiversité on se limitera à une petite quantité et jamais la totalité de la plante sur un lieu de cueillette. 10% de ce que vous voyez sur un site est une bonne indication.
Pensez au renouvellement des plantes
Si vous en avez la possibilité, plantez les herbes médicinales dans votre jardin ou sur votre balcon. Ceci évite de multiplier les cueillettes sauvages et c’est plus pratique de les avoir sous la main.
En apprenant à faire grandir vos plantes, vous vous familiarisez aussi avec elles : leur rythme, leur forme à différents stades végétatifs. Et si vous avez la chance de pouvoir vous associer à un jardin communautaire, vous pourrez partager vos savoirs et apprendre à reconnaître d’autres espèces.
Et si vous le pouvez, ramassez quelques graines et dispersez-les un peu plus loin. Lorsque les racines sont prélevées on peut aussi les diviser et en replanter une partie.
Quand cueillir les plantes médicinales ?
La cueillette des plantes médicinales s’effectue quand elles sont à pleine maturité. Le moment idéal varie selon les plantes et la partie prélevée (feuille, fleur, racine). Il faudra apprendre à les connaître progressivement. Voici les règles principales pour vous guider.
La cueillette des fleurs et des feuilles
Quand les cueillir ?
On les ramasse entre le début du printemps et la fin de l’été. La cueillette des fleurs, des parties aériennes et des feuilles s’effectue en milieu de matinée après l’évaporation de la rosée du matin, et par un jour ensoleillé qui stimule la production des essences aromatiques et principes actifs.
- Les feuilles sont cueillies à l’apparition des boutons floraux et avant la floraison.
- Les fleurs seront ramassées juste avant qu’elles ne s’ouvrent.
Comment les cueillir ?
On coupe les feuilles et les fleurs avec les ongles ou avec une paire de ciseaux propres pour ne pas abimer la plante. Les feuilles et les fleurs seront transportées dans un panier, une corbeille ou des sacs en papier avant d’être séchées.
J’ai perdu toute une récolte de pissenlit en les laissant attendre trop longtemps dans un sac en plastique. Évitez-les car ils retiennent l’humidité et favorisent la fermentation. Ce n’est pas une bonne idée non plus d’entasser le fruit de votre cueillette en vrac et en couche épaisse. Celles qui sont au fond du panier risquent d’avoir mauvaise mine de retour chez vous. Et puis si tout est mélangé vous aurez du mal à faire le tri dans toute cette verdure.
Idéalement on en prélève une petite quantité de plantes, que l’on dispose dans des sacs en papier différents ou bien séparées dans le panier pour ne pas mélanger les espèces et faciliter le tri.
Comment les conserver ?
Faites sécher les feuilles et les fleurs en les étalant sur un papier ou un tissu propre. Disposez-les dans une pièce dont la température est constante et bien ventilée. Ne les exposez pas directement au soleil. Vous pouvez aussi les sécher en petits bouquet pas trop serrés, la tête en bas. Éliminez au préalable les feuilles et les fleurs mortes ou abîmées.
Au bout de quelques jours (3 à 5 jours) les feuilles et les fleurs sont sèches quand elles s’effritent entre les doigts.
Vous les conserverez dans des sacs en papier ou dans un bocal hermétique à l’abri de la lumière et de l’humidité. Comme toujours pour vous y retrouver, notez le nom de la plante, la partie collectée, la date et le lieu de cueillette.
Quant à la durée de conservation : l’odeur de la plante sèche est une bonne indication. Si elle ne sent plus, il y a des chances que vous ayez trop attendu.
La cueillette des fruits et des graines
On les ramasse lorsqu’ils sont à maturité : de la fin de l’été au début de l’automne. Et toujours par temps frais et sec pour assurer une meilleure conservation.
Les fruits sont prélevés très mûrs pour une utilisation immédiate, ou juste avant maturité si vous souhaitez les conserver.
Comment les cueillir ?
Assurez-vous que les fruits sont mûrs et ne sont pas abîmés. Les graines doivent être déjà brunes et sèches.
Comment les conserver ?
Faites les sécher dans un endroit chaud mais pas directement exposé aux rayons du soleil. Un déshydrateur alimentaire est aussi bien pratique, surtout pour le séchage des fruits préalablement coupés en tranches fines avec une mandoline. Je vous ai mis la référence de celui que j’utilise.
H.Koenig Déshydrateur Alimentaire
Les graines seront conservées dans un sac en papier, dans une pièce fraîche et sombre. Elles peuvent se conserver plusieurs années.
La cueillette des racines
Les racines sont cueillies au début du printemps ou au début de l’automne, lorsque l’énergie de la plante redescend. Ceci s’applique aux plantes vivaces (qui repoussent d’une année sur l’autre) et les annuelles.
Les plantes bisannuelles sont cueillies à l’automne de la 1ere année (elles produiront les graines la seconde année).
Comment les cueillir ?
Les racines sont souvent difficiles à prélever en pleine nature, et même au jardin dans une terre plus malléable. Vous pouvez verser de l’eau pour pouvoir les déraciner plus facilement.
Comment les conserver ?
Lavez et frottez les racines pour enlever la terre. Coupez les ensuite en tronçons et faites-les sécher dans une pièce bien ventilée ou dans un déshydrateur alimentaire.
On les conserve à l’abri de l’air et de l’humidité. En étiquetant toujours l’espèce, la date et le lieu de la récolte.
Les autres parties de plantes à usage médicinal
On peut aussi prélever les tiges (avant le développement des bourgeons ou après la chute
des feuilles), les bourgeons (au printemps) ou l’écorce (en hiver ou en automne. Au printemps pour les résineux). Toujours en respectant les mêmes principes de séchage et de conservation et en pratiquant une cueillette sauvage raisonnable et raisonnée :)
Et vous ? Que rapportez-vous de vos promenades ? Avez-vous planté quelques herbes médicinales chez vous ?
Bonjour Caroline,
J’adore ton site et cet article particulièrement.
Je vis à la campagne et j’ai besoin de mieux comprendre et utiliser les plantes. Tu as l’aire d’en connaitre un rayon lol.
J’ai vu que ton bonus est sur les savons. As-tu un bonus sur les plantes médicinales que l’on trouve dans la nature ?
Peux-tu me dire par ou je dois commencer en tant que débutant ?
Merci :)
Bonsoir Gabriel, merci pour ton message cela fait plaisir !
Alors je n’ai pas de bonus plantes encore même si j’ai plein d’idées :)
Pour commencer je te conseille de t’équiper dans un premier temps d’un livre pour te familiariser avec les plantes de ta région et de partir en balade en regardant autour de toi. L’application plantnet est bien utile pour identifier les plantes que tu croiserais. Ensuite s’il s’agit de ceuillette il faut être 100% sûr de la plante. A bientôt !
Merci pour ce super articles,
Je vais de ce pas vérifier ce qui peut être fait dans ma région.
Mais pensez vous que c’est une bonne chose de cueillir des plantes sauvages dans une région polluée (île-de-france) ?
Bon courage pour la suite de ce super blog !
Merci pour ton message. Il n’y a malheureusement plus de région épargnée par la pollution. Il faut choisir des lieux éloignés des champs et effectivement choisir avec précaution. A bientôt !